À la recherche d’une mythologie indo-européenne

Déjà au XIXe siècle, les savants avaient été frappés par le fait que les religions des différents peuples parlant des langues indo-européennes offraient des éléments communs, à commencer par le nom du dieu suprême des Grecs et des Latins, Zeus-Jupiter, qui se retrouve dans celui du dieu Ciel indien, Dyaus Pitar. Cette approche comparative a été entièrement renouvelée par Georges Dumézil, qui a montré qu’on pouvait attribuer aux Indo-Européens une représentation structurée du monde, reposant sur le système des trois fonctions, distinguant la première fonction (souveraineté), la deuxième (force et domaine de la guerre), et la troisième (fécondité et notions comparables). Cette « idéologie » s’est exprimée, dans le domaine religieux, non seulement par une conception du panthéon qui était organisé selon ce principe (ainsi à Rome à travers les trois dieux de la triade précapitoline Jupiter, Mars, Quirinus), mais également par des récits proprement mythologiques qui mettaient en œuvre ces représentations. D. Briquel a approfondi la question de l’existence d’une mythologie indo-européenne dans de nombreux articles (dont certains restés inédits), qui sont regroupés dans ce volume. Celui-ci est organisé en trois parties, la première consacrée à ce qu’on peut considérer comme relevant d’une cosmogonie et une eschatologie communes, la deuxième à un motif particulier, mais qui s’est révélé extrêmement fécond, l’alliance paradoxale des deux éléments contraires que sont l’eau et le feu, la troisième rassemblant des études portant sur diverses divinités ou figures mythiques.